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Maison de naissance – (2) Récit d’accouchement en maison de naissance.

Dernière mise à jour : 12 mai 2020




Après un suivi parfait au CALM, je vous raconte l’expérience de la naissance.


J-5 avant mon terme pour le CALM (J-1 pour une maternité classique), ça fait plusieurs jours que j’ai des douleurs quand je marche, mais ce jour-là tout va bien. En allant sous la douche le matin, je perds le bouchon muqueux (pas sûre au début mais finalement je crois bien que c’était ça). Comme on approche de la fin je me détends au maximum depuis quelques temps : séries, films, petites balades, déjeuners entre copines. Ce jour-là je déjeune justement chez une amie, j’y vais à pieds, on discute beaucoup, on se fait livrer un déjeuner chez elle, bref tout va bien, agréable moment aucune contraction en vue (d’ailleurs je commence à avoir peur du déclenchement mais j’essaye de ne pas stresser avec ça). Je rentre chez moi à pieds, mes parents vont chercher mon fils à la crèche et on se retrouve chez l’ORL (rdv pour mon garçon). Le rdv est difficile, car je vois souffrir mon fils pour une fibroscopie. Finalement après tout passe très vite, on fait quelques courses et on rentre tranquillement à la maison.

Vers 18h, une amie et voisine passe avec son fils du même âge que le mien à la maison. On discute, on boit un verre, les garçons jouent ensemble. Lorsque mon amie et son fils partent, vers 19h30 je commence à avoir des contractions, les vraies, celles qui font penser à des règles douloureuses, mais elles sont assez espacées et tout à fait gérables. Je me dis que c’est lié à tout ce que j’ai fait dans la journée et que ça va passer, mon amie me dit qu’elle pense que je vais accoucher dans la nuit, je suis toute excitée à l’idée de cette possibilité.


Effectivement, la soirée passe, les contractions se rapprochent, elles sont vraiment régulières, le spasfon n’y fait rien, le bain pas grand chose non plus. J’arrive à coucher mon fils de 2 ans ½, je m’allonge à ses côtés et reste jusqu’à ce qu’il s’endorme, ce n’est pas évident avec les contractions. Je le préviens que le bébé va sûrement arriver cette nuit et que sa grand-mère viendra s’occuper de lui. Vers 21h je demande à ma mère de venir au cas où nous devrions partir dans la nuit (et là je suis quasi sûre que ça sera le cas). Elle arrive vers 22h, se couche sur le canapé. Moi j’alterne entre moments où je me couche pour me reposer, et moments où je marche et m’assoie sur le ballon. J’appelle ma sage-femme, elle me rassure au téléphone, et me dit qu’au son de ma voix je peux encore rester chez moi et gérer. Je me couche vraiment dans l’idée de dormir, et j’arrive à dormir un peu entre les contractions. Mais à un moment une contraction me fait vraiment très mal, la suivante aussi, je commence à avoir du mal à me lever et surtout elles sont espacées d’à peine 4min. Je vais aux toilettes, je perds du sang, je panique et je tombe dans les pommes. Ma mère me ramène à moi mais je me sens trop faible pour bouger, pour aller à la maison de naissance, je veux appeler les pompiers. Fabian, mon mari, me dit que je vais le regretter et me rappelle à quel point je veux accoucher au CALM (et lui aussi je crois). Il a raison, j’ai un regain d’énergie, je m’habille vite avec l’aide de ma mère et de Fabian et après une contraction nous descendons rapidement au parking. 15 minutes de voiture où je commence à hurler, où je ressens très douloureusement chaque trou de la route...


On arrive au CALM, et F., ma sage femme, nous attend sur le trottoir, ouvre la porte, de la voiture, m’aide à sortir.

On s’installe dans la chambre jaune, mon mari et F. mettent les draps, la bâche. F. a déjà fait couler un bain, tamisé l’ambiance, préparé des verres d’eau avec pailles.

Je me mets à quatre pattes, F. me masse le sacrum puis mon mari prend le relais. Finalement, ma sage-femme trouve que je gère bien, alors elle va dormir dans une autre pièce et nous dit de l’appeler si besoin, elle nous conseille de nous reposer aussi. On s’allonge sur le lit, je suis couchée sur le côté, la jambe supérieure bien repliée sur l’inférieure. Mon mari continue de me masser le bas du dos, ça fait du bien, il n’y a que ça que je supporte. A chaque contraction j’ai vraiment très mal, j’essaye de crier des sons graves pour aider l’ouverture du col et la descente du bébé, à chaque contraction je me dis que je ne vais pas pouvoir tenir encore longtemps comme ça, je commence à penser à la péridurale, mais une fois que la contraction est finie je me dis que non, finalement ça va, je peux gérer encore, et je reprends des forces entre chaque comme j’ai appris à le faire en séances Bonapace. Je me rappelle que je ne dois pas avoir peur de la prochaine contraction, que je dois gérer chaque contraction isolément, sans anticiper les suivantes, et surtout me reposer entre chacune d’elles. La peur et l’appréhension font encore plus mal, favorisent les hormones de stress (cortisol) ce qui bloque les hormones de plaisir (ocytocines) favorables à l’accouchement.



Mon mari s’endort un peu… Puis je ressens le besoin de bouger, absolument, et d’aller aux toilettes. J’y vais non sans mal, mon mari me porte à moitié. Puis je vais dans la baignoire. Je continue de hurler à chaque contraction, F. m’entend et vient, pensant aux sons de ma voix que le bébé sort. Mais non. Elle m’aide à gérer les contractions suivantes en me donnant le ton vocalement (toujours des sons très graves pour favoriser la descente du bébé et l’ouverture du col), ça m’aide énormément. Elle voit que j’ai besoin de m’accrocher à quelque chose, alors, elle met un drap autour des épaules de Fabian, qui est hors de la baignoire. Je suis accroupie dans la baignoire, et je me suspends à Fabian, qui est debout juste à côté de la baignoire. Je tire tellement fort sur les draps et sur ses épaules que je crois qu’il souffre un peu et ça me soulage qu’on partage ça ensemble.


A chaque contraction F. me met aussi des jets d’eau sur le bas du dos. Puis je dis que j’ai envie de pousser, je ne peux pas me retenir. F. vérifie rapidement mon col, puis je commence à pousser. Je sens que tout descend, j’ai clairement l’impression de faire caca et demande à F. si c’est le cas, elle rit, vérifie, et me dit que non mais que c’est normal car je sens le bébé aussi par derrière. Je me sens tellement soulagée par ces poussées, même si je sens le bébé sortir, je sais que c’est la fin, que je vais le voir et que je ne vais plus avoir mal. C’est dur et en même temps agréable, bientôt la rencontre, le soulagement, et aussi bientôt la fin des contractions. Je re-pousse tout en faisant des sons graves, je sens tout et là, en effet, la tête est sortie, incroyable, F.me dit de bien rester les fesses dans l’eau pour que bébé reste dans l’eau! Elle me dit qu’à la prochaine poussée, bébé devrait sortir entièrement. Et en effet, je pousse encore une fois, elle réceptionne et me donne tout de suite mon bébé né dans l’eau. C’est juste incroyable et fabuleux, il est là, il est beau, c’est un garçon et je n’ai plus mal. Je me sens forte, je me sens fière, je suis émue, j’ai réussi… Mon projet rêvé a abouti. C’est tellement magique.

Puis F. m’aide à sortir de l’eau, et on s’installe tous les trois sur le lit, j’ai mon petit bébé en peau à peau contre moi, et nous resterons là, tranquillement, tous les trois, sans être dérangés (après la délivrance du placenta), pendant de nombreuses heures… Puis nous rentrerons à la maison 10h seulement après la naissance, retrouver notre grand garçon, pour qu’il rencontre son petit frère.



Un an après, cet accouchement m’émeut encore et je crois que je pourrais le revivre 1000 fois avec toujours autant de bonheur. J’aurais tellement aimé qu’on me parle des alternatives aux accouchements en maternité dès mon premier enfant, pour pouvoir faire un réel choix sur ce qui s’offrait à moi. Cependant je suis heureuse et je me sens chanceuse d’avoir pu expérimenter et vivre un deuxième accouchement dans des conditions aussi idylliques. Si j’avais un troisième enfant et que la grossesse n’était pas à risque, je retournerai sans hésiter en maison de naissance, je ferai de nouveau le choix de faire sans péridurale, voire j’accoucherai chez moi. Parce que l’accouchement n’est pas un acte médical, et que les risques sont minimes, les complications rares, et que c’est tellement plus agréable quand on est accompagnées juste à la bonne dose et de façon respectueuse.


Crédits photos: Janko Ferlic, Miguel Bruna, via Unsplah

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