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Une histoire de sommeil




Bonjour,


Cela fait un moment que j'ai envie d'écrire au sujet du sommeil, parce que, dans nombre de pays occidentaux et industrialisés, le sommeil des enfants peut-être un vrai problème. Je démarre ce post un soir où j'ai mis presque 1h30 à endormir mon bébé, donc je sais que ça n'est pas toujours facile, et que les parents sont trop peu accompagnés sur la question du sommeil.

Je vais vous raconter un peu comment ça s'est passé pour nous avec les enfants, puis je vais vous parler de ce que j'ai appris et vous partager mes lectures sur le sujet. Tenez-vous bien, sujet épineux, et souvent tabou.


Le sommeil de notre premier enfant


Lorsque j'étais enceinte de mon premier enfant, on m'a dit à la maternité qu'un bébé dormait 20h sur 24h.... Je pensais donc que globalement mon bébé passerait tout son temps à dormir, et que j'allais avoir plein de temps pour moi (ceux et celles qui savent savent...). On m'avait aussi dit, qu'il ne fallait jamais laisser pleurer un bébé seul, et qu'il pouvait y avoir des inversions entre le jour et la nuit (bébé qui dort plus la journée que la nuit). Voilà, je n'en savais pas plus.


Mon premier enfant, Augustin, est donc né, et les débuts ont été compliqués en matière d'allaitement au sein, et de prise de poids, il fallait le réveiller toutes les deux heures pour le nourrir soit au sein, soit avec un Dispositif d'Aide à l'Allaitement (DAL). Mon bébé s'endormait systématiquement au sein, très rapidement et il tétait peu, je ne devais pas trop le laisser s'endormir, afin qu'il prenne du poids. Puis, une fois l'allaitement bien mis en place, Augustin continuait de ne dormir qu'au sein, sur moi ou en écharpe de portage.... Il n'était pas facile de le poser dans son berceau (qui était dans notre chambre) et quand on y arrivait il n'y dormait franchement pas longtemps.

Il avait déjà sa chambre faite, avec le classique lit à barreaux, mais pour les premiers temps et pour l'allaitement il y avait aussi un berceau dans notre chambre. Je n'avais pas du tout envisagé de dormir collé à lui.

Je me rappelle que rapidement, la question du sommeil est devenue primordiale, il ne dormait et ne s'endormait qu'avec une présence: sein, bras, écharpe... La journée, il faisait des siestes de 45min grand max et la plupart du temps sur moi, et la nuit, j'essayais de rester éveillée pendant les tétées afin de le reposer dans son berceau, mais je m'endormais systématiquement, pour me réveiller 2/3h après pour la tétée suivante, avec Augustin encore sur moi ou à côté. J'avais l'impression que mon bébé avait un "problème" de sommeil et qu'il ne dormait presque pas (bien entendu il dormait, mais pas comme la société, et ce que j'en avais appris, le voulait).


Vers ses 3 mois, il a commencé à enchaîner des phases de 6h à 7h de sommeil sans se réveiller, alors nous avons décidé de le mettre dans sa chambre, dans son lit à barreaux... J'étais pressée de lui faire tester sa chambre, de récupérer MES nuits. Sauf que, dès que nous avons fait cela, il s'est remis à se réveiller toutes les 2h, il fallait lui redonner le sein ou le bercer très longuement pour le rendormir la nuit.


La seule chose que nous ne voulions absolument pas pratiquer alors, c'était une méthode de dressage au sommeil consistant à laisser pleurer le bébé pour "faire ses nuits" (je reviendrai sur ces méthodes et les conséquences, et sur la notion de "faire ses nuits").


En réalité, lorsque nous avons des attentes d'adultes sur le sommeil, nous sommes très vite déçus, frustrés et fatigués. Et il y a de quoi, on dormait depuis des année 7h à 9h la nuit sans vrais réveils et voilà qu'on doit se lever 3 à 8 fois la nuit pour rendormir son bébé... J'étais personnellement très fatiguée, inquiète que mon bébé dorme si peu seul, et en plus, ayant repris le travail 4 mois après avoir accouché, il fallait absolument que je dorme la nuit... Que mon bébé fasse MES nuits.


Ainsi, comme beaucoup de parents, je me suis renseignée sur les méthodes consistant à apprendre à dormir à un bébé (le fameux "dressage" au sommeil), et je me suis tournée vers une "gourou" du sommeil qui promet de permettre au bébé de s'endormir seul et de ne plus appeler ses parents la nuit. Elle se déclarait bienveillante, et anti méthode "5-10-15", à savoir laisser pleurer son enfant, seul, 5 min, puis 10 min puis 15 min (ultra efficace paraît-il), sauf qu'en réalité, c'était à peu près la même méthode mais avec des temps beaucoup plus courts (laisser pleurer 30 secondes, puis 1 minute, puis 2 minutes...). Cela dit, j'étais assez d'accord avec elle sur le fait que le sommeil c'est important, que ça permet de mieux grandir, de mieux apprendre, et que pour pouvoir se rendormir seul la nuit il fallait dans un premier temps "apprendre" à s'endormir seul le soir. Cela devait forcément passer par un changement d'habitudes et donc par des pleurs.


On a essayé, le premier soir a été horrible, Augustin a beaucoup pleuré et moi j'étais pas loin de pleurer également en entendant mon bébé de 7 mois pleurer seul dans le noir enfermé dans on lit. Mais ça a fonctionné, dès le deuxième soir Augustin s'endormait seul dans son lit. Rapidement, il a presque fait des nuits entières (7h à 8h sans réveil, il tétait juste une fois vers 3h ou 4h du matin et se rendormait).

Sauf que... ça n'a pas duré. On nous avait prévenu qu'en cas de retour en arrière il fallait recommencer le protocole (assez rigide, au passage). Entre temps, mon mari s'est renseigné sur ces méthodes de "laisser pleurer" des temps définis, et a entendu parler d'un livre, écrit par le Dr Rosa Jové, qui devait bientôt sortir en français (Dormir sans Larmes). Il a appris que laisser pleurer son bébé seul pour qu'il dorme était quand même sacrément violent, et que ça avait des conséquences néfastes sur la qualité de son attachement, sur son cerveau. A partir de là, on a creusé beaucoup plus la question du sommeil et nous avons décidé d'arrêter de lutter pour que notre enfant dorme 12h d'affilées sans rechigner et sans chercher notre présence. Et tout a été beaucoup plus serein. Nous avons installé un grand matelas au sol dans la chambre d'Augustin, et j'allais l'endormir au sein dans sont lit. Puis je quittais sa chambre pour aller démarrer la nuit avec mon conjoint dans notre chambre. Ensuite, quand Augustin se réveillait, je le rejoignais et je finissais la nuit avec lui (de temps en temps je retournais dormir dans notre lit). Puis quand il a commencé à vraiment bien marcher, c'est souvent lui qui nous rejoignait dans notre lit, et nous le laissions dormir avec nous, mettant naturellement en place la pratique du cododo.


Rapidement, j'ai lu le fameux livre du Dr Rosa Jové, et ça a été une révélation, le livre que tous les parents devraient lire en matière de sommeil, j'y ai appris tellement de choses et j'ai tellement déculpabilisé par rapport à la façon qu'on avait d'endormir notre enfant et de dormir avec lui.

Le cododo et la poursuite de l'allaitement la nuit se sont mis en place de façon parfaitement naturelle, et on a tous mieux dormis, une partie de la nuit ensemble, jusqu'à l'arrivée de notre deuxième enfant. En fait, Augustin dormait très bien, tant qu'il avait une présence à ses côtés. Tout comme, en réalité, de nombreux bébés et enfants (c'est incroyable le nombre de parents qui n'osent pas avouer dormir avec leur enfant, comme si c'était grave, honteux, ou je ne sais quoi d'autre, pourtant, dans de nombreux pays c'est la norme et personne ne s'en offusque).

Au final, Augustin a bientôt 4 ans et il a encore très souvent besoin de nous pour s'endormir mais on sait aussi qu'il est capable de s'endormir seul (il l'a fait à une période). Petit à petit, ses nuits sans présence s'allongent, mais il vient chercher son papa quasiment toutes les nuits, pour qu'il dorme à ses côtés en deuxième partie de nuit (moi je dors avec notre deuxième enfant, j'en reparle plus tard). Aujourd'hui, grâce à mes lectures et aussi au fait que je ne cherche plus à lutter ou à forcer mes enfants à dormir comme les adultes le voudraient, j'ai compris que, comme pour la parole, la marche, ou la continence, on ne peut pas "forcer" un enfant à faire une chose pour laquelle il n'est pas encore prêt, sans que cela ait des conséquences, parfois graves. Le sommeil change, évolue, s'acquiert, mais pas du jour au lendemain ni quand le parent l'aura décidé. En réalité, les professionnels de la petite enfance devraient transmettre aux parents les infos sur la physiologie du sommeil, car tout se modifie au cours de notre vie, et un enfant atteint le même type de sommeil qu'un adulte autour de 6 ans. Je l'ai appris un peu trop tard à mon goût.


La physiologie du sommeil





J'ai donc lu le livre Dormir sans Larmes, de Rosa Jové. Le Dr Rosa Jové est pédopsychiatre et spécialiste du sommeil chez les enfants. Elle est également membre de l'Observatoire des droits de l'enfant de la Generalitat de Catalogne. Ce livre est long et je ne peux pas tout résumer ici, mais ce que j'ai retenu c'est qu' il y a différentes phases de sommeil (un sommeil superficiel/léger, un sommeils profond puis un sommeil paradoxal) contenues dans un cycle. Les adultes enchainent leurs cycles s'en trop s'en rendre compte et en se rendormant très vite à chaque fois (et encore, nombreux sont ceux à faire des insomnies, se lever pour aller aux toilettes ou boire, à changer souvent de positions). Un cycle dure 50min chez un bébé (d'où les fameuses siestes d'environ 45/50min que faisait Augustin) et peut aller jusqu'à 120min chez un adulte. On connaît 4 à 6 cycles par nuit. Pour les enfants, les phases ne sont pas les mêmes que pour les adultes: ils ont beaucoup plus de phases de sommeil paradoxal et léger que de sommeil profond, un enfant ne PEUT pas dormir comme un adulte.

Le sommeil est un processus évolutif... Il est différent entre un nourrisson, un bébé, un enfant, un adulte et un vieillard.

De plus, un nouveau-né, de moins de 3 mois, a besoin de manger très fréquemment pour sa croissance et pour éviter les hypoglycémies. S'il adopte le sommeil d'un adulte ça serait très dangereux pour lui. D'ailleurs, que le bébé soit nourri au sein ou au biberon, toutes les organisations (OMS, UNICEF, l' ESPGHAN, l'AAP et l'AEP) recommandent désormais une alimentation à la demande (tant que bébé a faim et réclame, il faut lui donner, sans calculer l'heure du dernier biberon ou de la dernière tétée).

De manière parfaitement naturelle et instinctive, et c'est ce qui a permis la survie de notre espèce à l'époque des prédateurs, les bébés se réveillent régulièrement pour appeler leur parents, et ont besoin à ce moment là d'être pris dans les bras, rassurés, nourris. Le sommeil d'un bébé est simplement parfaitement adapté à ses besoins. S'il se réveille, s'il pleure, s'il appelle, ce n'est pas pour rien. Et si on cherche à faire dormir le bébé plus longtemps, cela peut avoir des conséquences (notamment sur l'allaitement au sein, qui doit perdurer la nuit pour que la lactation puisse continuer à se faire en quantité et en qualité). Comme dit Rosa Jové, "les deux seuls facteurs qui favorisent naturellement le sommeil des bébés sont donc l'allaitement maternel et le "cododo" ou "sommeil partagé".


Le sommeil du bébé change entre 4 et 7 mois, puis entre 8 mois et 2 ans, puis entre 3 et 6 ans, je ne vais pas détailler chacune de ses période, mais il faut savoir que la période de maturation du sommeil a lieu entre 8 mois et 6 ans pour se rapprocher du rythme de sommeil d'un adulte à 6 ans max (vous imaginez donc les variables d'un enfant à l'autre). Et on imagine bien qu'entre les poussées dentaires, la longue période d'angoisse de séparation, les terreurs nocturnes, les cauchemars, tous les apprentissages et débuts d'autonomie, il y a de quoi se réveiller souvent la nuit quand on est si petit. Les enfants qui font leurs nuits, sont généralement simplement des enfants qui restent dans leur lit, sans appeler leurs parents (parfois parce qu'ils s'y sont résignés, étant donnés que les parents ne répondent pas à leurs appels, parfois naturellement bien sûr). En tous cas, si on a été à l'écoute de notre enfant et qu'on a répondu à ses besoins, on constate que, naturellement, la majorité des enfants règlent leurs "problèmes" de sommeil entre 5 et 6 ans.

Pour résumer donc, le sommeil ne s'enseigne pas, c'est un besoin vital , mais les bébés ne peuvent pas dormir 8h à 10h par nuit sans se réveiller, ça serait plutôt anormal. Les enfants et les adultes connaissent des réveils nocturnes, mais les bébés et jeunes enfants ne savent pas se rendormir seul, ils sauront le faire un jour, comme pour tout, car le sommeil est un processus ultra évolutif lié à la maturation du système nerveux central.




Les troubles du sommeil


Les vrais troubles du sommeil sont rares, il faut les faire diagnostiquer quand ils existent, mais encore faut-il savoir ce qui est "normal" et "anormal". L'accès à cette info n'est pas évidente, car on cherche à nous faire croire qu'il est anormal qu'un bébé de plus de 6 mois ou jeune enfant ne s'endorme pas seul ou ne puisse pas dormir seul 10h d'affilées. Les vrais troubles du sommeil sont les dyssomnies (perturbation de la qualité et de la quantité de sommeil) et les parasomnies (manifestations ou conduites anormales pendant le sommeil). La base est de chercher à comprendre les besoins de l'enfant, ses demandes, et d'y répondre. Si votre enfant dort avec vous, ce n'est pas un trouble du sommeil mais une majorité de parents pensent que le sommeil de leur enfant est un problème. Ne pas répondre aux besoins de l'enfant la nuit peut-être très dangereux, car si un enfant pleure/appelle, c'est qu'il y a une raison, parfois vitale. Pour savoir si votre enfant a de vrais troubles du sommeil il faut consulter, et se référer à des tableaux du nombre d'heures de sommeil nécessaires à un enfant selon son âge.


Les méthodes d'apprentissage du sommeil, ou de "dressage au sommeil" en laissant pleurer


"Pour ce qui est de dormir, moins on en fait moins on risque de se tromper" - Sales.


Je reprends cette citation du livre de Rosa Jové, qui résume à peu près la situation.


Les conseils de laisser pleurer un bébé seul dans sa chambre, enfermé dans son lit, sont encore très souvent donnés (de moins en moins tout de même maintenant qu'on en sait plus), et c'est un vrai drame. Parfois, le bébé ou enfant, est victime d'une erreur de diagnostic, et ne pas aller le voir la nuit peut-être très dangereux pour sa santé physique ou psychique.

Les méthodes de dressage au sommeil risquent principalement d'entraîner des perturbations comportementales et psychologiques.

Elles consistent à laisser pleurer son enfant seul sur des durées déterminées (parfois très longues) afin qu'il comprenne qu'il n'obtiendra aucune réaction de ses figures d'attachement face à ses appels, qu'il se résigne, et qu'il arrête donc d'appeler. Les premières fois, l'enfant finit par s'endormir d'épuisement à force d'appeler sans obtenir de réponse. C'est une méthode dite de renforcement qui est utilisée depuis très longtemps pour dresser les animaux, et pour modifier des comportements (ça provient de la science du comportementalisme). Mais dans le dressage au sommeil sur les enfants, on utilise des stimuli aversifs (ne pas répondre à la demande de l'enfant) alors que ces méthodes ne sont plus utilisées sur les animaux et sur les adultes. L'abandon de l'enfant qui ne dort pas comme ses parents le souhaitent est globalement une punition.

Selon les méthodes, on se réfère à des tableaux indiquant le nombre de minutes à attendre avant de retourner voir l'enfant pour lui parler, sans jamais le prendre dans ses bras, puis on le relaisse pleurer, un peu plus longtemps à chaque fois, jusqu'à ce qu'il s'endorme. On peut lire, dans ces protocoles, ce genre de choses: "répétez toujours la même phrase de manière automatique, ne faites pas attention à ce que dira ou fera l'enfant. Le but visé est qu'il apprenne à dormir seul".

En réalité il n'y a pas de différences entre "laisser pleurer" et "laisser pleurer selon un tableau", mais plus les bébés sont confrontés à cela jeunes, plus le choc émotionnel est fort.

Le problème de la méthode du laisser pleurer, c'est qu'on cherche à modifier un comportement d'alerte, non intentionnel. Et, comme expliqué plus haut, vouloir apprendre le sommeil à un enfant, revient à peu près au même que de vouloir lui apprendre à respirer.


Heureusement, de moins en moins de professionnels recommandent ce genre de méthodes qui n'ont aucun fondement scientifique. Pour se protéger, l'idéal est de se boucher les oreilles face à celles et ceux qui veulent vous angoisser en laissant sous entendre que votre enfant à une pathologie du sommeil. Il s'agit généralement de personnes ethnocentrées (adultisme), qui ont oublié que les enfants ont des besoins spécifiques (leur enfance ayant été tellement grise, avec des parents autoritaires et peu communicatifs, ils ont "bloqué" la mémoire d'enfance, et s'y sont rendus insensibles). Cet adultisme conduit à penser que les enfants sont capricieux, qu'ils n'ont besoin de contact que le jour et pas la nuit , que c'est aux parents de décider comment et quand l'enfant doit dormir, et à croire réellement que " pleurer, ça fait les poumons".




Les conséquences du dressage au sommeil ou du laisser pleurer


Pour la faire simple, ces méthodes apprennent non pas à "dormir", mais à faire taire l'enfant et ses émotions. L'enfant apprend qu'il ne sert plus à rien de pleurer ou d'appeler, car personne ne viendra.


Le soir où vous décidez de passer à l'acte avec la méthode du "laisser pleurer", l'alarme dans le cerveau de votre enfant se déclenche: tout un réseau hormonal est activé par l'amygdale (une partie de notre cerveau émotionnel). L'enfant peut alors pleurer indéfiniment jusqu'à ce que l'amygdale lâche prise et qu'une compensation arrive sous forme de substances opiacées (endorphine, sérotonine) pour atténuer l'alerte. Le bébé s'est donc auto-drogué, et plus il est petit, plus son cerveau est immature, mieux ça marche.


Les variations de sérotonine sont liées aux dépressions, et on sait que des taux bas de sérotonine sont des marqueurs de violence chez les animaux et chez les hommes. De plus, l'enfant laissé seul sans réponse, est soumis à un taux très fort de cortisol (hormone du stress) , ce qui a un effet toxique sur le cerveau et provoque des pertes neuronales (étude de 2005 de Sanjuan, J. et Cela Conde, C. J. , citée par Rosa Jové). C'est ce taux de cortisol qui peut d'ailleurs être à l'origine de vomissements.


A force, l'enfant retiendra au plus profond de lui, qu'on l'ignorera, que ses besoins ne méritent pas d'attention (en tous cas pas la nuit). Ce n'est pas parce qu'il ne pleure plus la nuit qu'il n'a plus de besoins, mais il aura appris à ne plus les exprimer, qu'il ne peut pas compter sur les adultes, mais uniquement sur lui-même. Forcément, son estime de lui va donc baisser. Les séquelles les plus graves de ces méthodes sont : troubles de l'anxiété, dépression, impuissance acquise, troubles de l'attachement, traumatismes de stress aigu, et syndrome de stress post- traumatique. Ces perturbations peuvent n'apparaître qu'à l' âge adulte.


Comment on fait pour tous dormir alors?


Ici, ce qui est le plus naturel et donc le plus recommande par le Dr Rosé Jové, si votre enfant se réveille et vous réveille la nuit, s'il ne s'endort pas seul, c'est l'allaitement, le cododo et l'esprit d'ouverture envers les enfants. Ce sont ces trois aspects qui sont retrouvés dans les sociétés où l'insomnie n'existe pas et où il n'y a pas de "troubles du sommeil" .


L'allaitement est conseillé car le lait maternel contient du L- triptophane, un acide aminé qui facilite l'endormissement (et oui, tous ces bébés qui s'endorment au sein, ça a du sens). De plus, le sommeil est lié au sentiment de satiété, et le réveil à celui de la faim. Les enfants qui se nourrissent mal, ou pas assez, dorment souvent mal. On ne conseillera donc pas de réduire ou de stopper l'alimentation nocturne, mais au contraire, une alimentation à la demande (que ce soit le lait maternel ou artificiel) favorisera le sommeil car on est sûr que le bébé trouvera lui-même sa sensation de satiété.

De plus le sein, la succion en général, a naturellement un effet relaxant. Les industriels l'ont bien compris en inventant la tétine.

Enfin, le peau à peau, l'écoute des battements du cœur et de la respiration de la mère ou de la personne qui nourrit l'enfant, favorisent aussi la détente et le sommeil. Si on allaite au sein, il y a un effet bénéfique sur le sommeil de la mère également (elles se rendorment très facilement). Dans tous les cas, si on veut mener un allaitement long, il est recommandé de continuer les tétées nocturnes, car ce sont les plus importantes pour la lactation.


Le cododo est pratiqué dans de nombreuses cultures (sauf, globalement, en Europe et en Amérique du Nord). Même au Japon le partage de la chambre voire du lit est quelque chose de parfaitement habituel. C'est assez logique quand on pense que nous sommes des mammifères et que, naturellement, portés 9 mois dans le ventre de notre mère, nous avons encore besoin d'être touchés, et rassurés, autant le jour que la nuit. Bien sûr, le cododo (le fait de dormir ensemble) ou la chambre partagée, répondent à certaines règles: un matelas ferme, pas de draps qui pourraient entortiller bébé, pas d'oreiller trop mous, ne pas trop couvrir bébé, ne pas être des parents fumeurs réguliers ni être sous l'emprise de drogues ou d'alcool, ni souffrir d'obésité morbide. Et ne vous inquiétez pas, dormir avec ses parents n'est pas une "mauvaise habitude", les enfants ne restent pas dans votre lit jusqu'à 18 ans, aucun enfant, dans les familles en cododo, ne dort encore avec sa mère après 6 ans.

Les avantages du cododo sont les suivants: diminution de risques de Mort Subite du Nourrisson (MSN) , il "apprend" au bébé à passer plus facilement d'une phase de sommeil à l'autre (car il se synchronise sur la respiration de sa mère), il permet à l'enfant et à la mère de ne se réveiller qu'à peine quand il y a un allaitement au sein, et il permet de bien réguler la température corporelle nocturne.





Si bébé ne s'endort pas seul, pleure quand on le pose, quand il n'est pas accompagné, il existe plein de façons douces pour l'aider à s'endormir autres que l'allaitement: portage à bras, portage en écharpe ou porte-bébé physiologique (bébé face au parent, et jamais face au monde car la position n'est pas du tout physiologique), tour en poussette... Ici on alterne ces techniques. Cependant, il vaut TOUJOURS mieux laisser pleurer bébé seul que de le secouer, donc si on est vraiment à bout, il sera conseillé de poser bébé, et de s'en éloigner, au moins le temps de souffler, et de recharger un peu ses batteries. Pour les plus grands, rester à côté quelques temps peut suffire, parfois un simple rituel, le lavage des dents, une histoire, une chanson, tout dépend de l'enfant. Globalement, une ambiance calme et sereine, des lumières tamisées et quelques rituels (courts et simples) favoriseront l'endormissement. Et même s'il est déjà tard, la plupart des enfants auront besoin de leurs rituels pour s'endormir, tout comme nous avons les nôtres (il m'est personnellement très difficile de m'endormir sans m'être lavé les dents et nettoyé le visage, je le fais même si je me couche à 4h).


Conclusion


Et voilà, vous savez tout ou presque sur le sommeil. Vous imaginez donc bien, qu'après ces lectures, nous n'avons même pas acheté de lit à notre deuxième enfant. Il a eu d'abord un berceau cododo (berceau ouvert du côté du lit parental), mais en réalité il dormait plus souvent dans notre lit que dans ce berceau. A 16 mois, Camille a un matelas au sol dans notre chambre, il y commence sa nuit (je l'endors au sein, ou dans les bras, ou c'est son papa qui gère dans les bras ou le porte-bébé) puis il me rejoint dans notre lit et se rendort au sein (il tète entre 4 et 8 fois par nuit, mais ça dure quelques secondes, ça me réveille à peine et hop on se rendort). Je suis beaucoup moins fatiguée que pour mon premier enfant, car je n'ai pas d'attentes irréalistes par rapport au sommeil de mon enfant, et j'ai choisi de l'accompagner tant qu'il en aura besoin, de manière à avoir une relation saine au sommeil (tout comme pour le fait de manger, plus on force, plus c'est malsain selon moi). On n'impose pas d'horaires de couchers aux enfants, ce ne sont pas des robots, il y a des soirs où ils ont envie de profiter, comme nous, et des soirs où ils sont fatigués plus tôt, alors on guette les signes de fatigue, mais globalement, ils se couchent entre 21h et 22h (très rarement avant 21h mais c'est déjà arrivé s'ils sont vraiment fatigués), et si on fait la fête ils profitent bien sûr avec nous (pas jusqu'à 4h non plus).


Je crois que la question du sommeil est devenue trop importante, et que de nombreux parents ont des attentes irréalistes pas rapport au sommeil de leur enfant. Ce n'est pas de leur faute bien sûr, mais quand dès les premiers jours de vie la question principale de l'entourage c'est : "alors, il fait ses nuits?", il y a de quoi être anxieux par rapport à ce sujet... Personnellement, cette question me saoule tellement qu'il m'arrive souvent de mentir aux gens qui ne comprendraient pas, et notamment aux professionnels de la petite enfance non renseignés sur la question du sommeil et qui pourraient me conseiller de laisser pleurer. Encore une fois, on a affaire à une manque d'informations crucial, et les parents sont perdus, angoissés, face à cette question du sommeil, et des "problèmes" de sommeil bien Occidentaux... Il est tellement dommage de taire les avantages du cododo et de conseiller des méthodes aussi nocives que le laisser pleurer. On a nous même pratiqué, alors on se rend bien compte que la question du sommeil peut rendre fou et obséder quand on n'a pas les bonnes informations en main, et qu'on ne lâche pas un peu prise.


Et si on laissait les bébés faire LEURS nuits, et pas NOS nuits?

Et si nous faisions simplement confiance à nos enfants et à leurs capacités à communiquer? Et si on leur apprenait la réponse aux besoins de l'autre, l'écoute et l'empathie?



Livres conseillés sur le sommeil:


Crédits photos: Annie Spratt, Ingmar, Brigitte Tohm, via Unsplash








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