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Le féminisme dans l'éducation (des garçons)


Je ne suis pas née féministe, peu de femmes naissent féministes. Ici on peut dire que je suis devenue féministe tardivement. Et c'est arrivé par la maternité. Comment? Pourquoi? Je vais vous le raconter. Mais c'est assez fou comme, jusqu'à maintenant, je pensais que maternité investie et féminisme ne pouvaient pas aller ensemble. Finalement, il y a tant de choses dans la maternité, dans la parentalité, qui font prendre conscience de l'importance de se battre pour que les femmes aient les mêmes droits que les hommes, pour qu'il y ait plus de justice, plus de respect, et moins de genrification des rôles.



J'ai deux garçons, et il m'a semblé donc très important d'amener le féminisme dans notre éducation, tout simplement pour que mes fils ne deviennent pas des porcs riant et faisant des blagues limites voire immondes sur les femmes, banalisant le fait qu'elles peuvent être insultées si elles portent des tenues "provocantes", utilisant des expressions comme "filles faciles". Bien évidemment, j'ai peur qu'un jour ils insultent, ou violentent une femme, de quelque manière que ça soit.

Ces dernières années, on a mis en avant quelques filles et femmes qui prennent la parole, le pouvoir, on a écrit des livres, pour les jeunes filles, sur les grandes femmes de l'Histoire, on a indiqué dans d'autres ouvrages qu'on pouvait être une fille sans être fan de princesses et de princes charmants. Aujourd'hui, les filles "rebelles", les filles "garçon manqué", c'est presque à la mode. Bien entendu, il faut éduquer tout le monde, les filles comme les garçons. D'autant plus que nombre de femmes sont loin d'aider les combat féministes. Mais à mon sens, et c'est l'idée que défend Aurélia Blanc dans son livre "Tu seras un homme féministe mon fils", l'éducation des garçons est PRIMORDIALE. Pourquoi? Parce que, sans même qu'on ne s'en rende compte, sans même qu'ils ne s'en rendent compte, si on ne fait pas très attention à ce qu'on leur montre, à ce qu'on leur dit, la société, patriarcale, s'en charge à votre place, laissant dans les esprits des garçons qu'ils sont omniprésents, qu'ils sont le genre "neutre" et même le genre "fort", bref qu'ils dominent...


En tant que femme, j'ai bien entendu vécu de très nombreuses violences: insultes, coups, crachats, violences sexuelles. Comme beaucoup de femmes on m'a manqué de respect des centaines de fois parce que j'étais une femme. Comme beaucoup de femmes on a sexualisé mon corps, on a estimé que ma parole n'était pas intéressante parce qu'elle sortait de la bouche d'une femme, on m'a considérée comme une hystérique lorsque je voulais m'imposer plus (juste comme un homme en fait).

En tant que femme, j'ai appris gentiment, inconsciemment, mais sûrement, qu'une femme ça devait s'en sortir seule, ça devait assurer pour réussir dans la vie, qu'il fallait se battre deux fois plus, mais j'ai aussi vu, et appris, qu'il fallait s'occuper des autres, faire à leur place, les materner, prendre en charge leurs émotions avant les miennes, être douce, empathique, à l'écoute. Vous l'aurez compris, je n'ai pas reçu une éducation particulièrement féministe, j'ai même pensé pendant un temps (car entendu) que si les femmes n'atteignaient pas les mêmes postes que les hommes c'était probablement parce qu'elles n'avaient pas les mêmes compétences. J'ai aussi appris plus jeune, que les femmes devaient toujours être dans la séduction, qu'il était important d'être mince, jolie, maquillée. A un point que j'ai commencé des régimes bien trop tôt (et j'étais loin d'être grosse) et que je ne pouvais pas sortir sans maquillage même pour aller chercher une baguette de pain. Quelle horreur quand j'y pense. Comment ai-je pu en arriver là? Ca n'est pas venu tout seul, c'est sûr.


Puis je suis tombée enceinte, j'ai accouché, une première fois, et j'ai connu les violences obstétricales, et alors rapidement, j'ai tout compris... J'ai lu, lu et lu sur ce sujet, j'ai découvert notamment Martin Winckler, et j'en suis vite arrivée à lire sur le féminisme, sur la charge mentale, sur la charge émotionnelle, sur la volonté sociétale de maîtriser et de dominer les femmes. J'ai rapidement saisi que les femmes n'avaient pas le droit de trop connaître leur corps, elles n'avaient pas le droit d'en faire ce qu'elles voulaient. Il fallait toujours qu'il y ait un homme ou l'équivalent d'un homme, pour leur faire croire qu'il savait mieux qu'elles.

Par la suite, mes choix comme allaiter et considérer ainsi que mes seins ne sont pas que des objets sexuels, ou accoucher sans péridurale, ont été, entre autres, des choix féministes. Parce que j'ai décidé, d'une certaine manière, de reprendre le pouvoir de mon corps, d'en faire ce que je décidais MOI et pas un autre. Aujourd'hui je dis souvent "mon corps, mes choix", et le consentement fait partie des choses que je souhaite transmettre à mes garçons.





Le consentement et les émotions.


Avant même de parler de féminisme et d'éducation genrée ou non genrée, la base d'une éducation dans laquelle on respecte les femmes autant que les hommes, réside dans le fait qu'on respecte les autres et leurs corps. Ainsi, dès la plus tendre enfance, j'ai à coeur de dire à mes enfants qu'on on ne force JAMAIS quelqu'un à faire un bisou ou à en recevoir un. J'hallucine encore du nombre d'adultes qui forcent ou insistent pour faire ou recevoir des bisous des enfants, leur enseignant ainsi qu'ils leur "doivent" quelque chose, et que donc leur corps ne leur appartient pas. Ils font même parfois du chantage affectif. Nous-mêmes, adultes, n'avons pas toujours envie de faire la bise quand on arrive quelque part (merci Covid-19, la bise n'est plus d'actualité). A ce sujet je vous recommande le livre Je peux te faire un bisou pour les enfants, qui explique très bien aux enfants la notion de consentement. Ainsi, pour moi, forcer à faire un bisou est aussi violent que frapper ou arracher des mains, c'est une atteinte au corps de l'autre. Comment peut-on enseigner le consentement aux petites filles et aux petits garçons si les adultes ne donnent pas l'exemple. Apprendre à dire non et à recevoir un non est une base importante, c'est une forme d'éducation au respect, à la non-violence, et j'ose espérer que cela permet de contrer la culture du viol à la française (vous savez cette banalisation autour des "oh mais t'as vu comment elle est habillée aussi?", "elle est vraiment maquillée comme une Pute", "avec un décolleté pareil faut pas s'étonner si....")


Par ailleurs, respecter les émotions de chacun, nommer ses émotions, être empathique, et éduquer les enfants, et particulièrement les garçons, au monde des émotions, est aussi primordial dans une éducation féministe. Bien souvent, ce sont les filles qui doivent apprendre à écouter les autres, et c'est chez elles qu'on cherche à développer une certaine sensibilité à autrui. Si on élevait les garçons de la même façon, ne ressentiraient-ils pas plus d'empathie envers les autres et n'en seraient-ils pas plus respectueux ? Plutôt que de leur dire "arrête de pleurer" "fais pas ta chochotte", "t'es pas une fille quand même?", nous choisissons d'être à l'écoute des émotions, de les accueillir, de nommer autant que possible les nôtres comme les leurs. Cela passe aussi par le fait de ne les avoir jamais laissés pleurer bébés, afin qu'ils apprennent qu'on répond toujours aux besoins des autres lorsqu'ils sont en demande. Bref, nous cherchons à respecter la sensibilité de nos garçons et à leur indiquer qu'il est important d'exprimer ses émotions, de pleurer, de dire quand on a mal, on ne cherche pas particulièrement à les "endurcir" ni à valoriser l'importance d'être fort, on éloigne autant que possible de notre maison la masculinité toxique et la notion de virilité. Par ailleurs, on essaye ainsi de transmettre que les filles et les garçons ressentent le même panel d'émotions et ont droit de les exprimer peu importe leur sexe.


Le rose, le bleu, le genre


"A-t-on besoin de ses organes sexuels pour utiliser cet objet? Si oui ça n'est pas pour les enfants, si non, c'est aussi bien pour les filles que pour les garçons", vous avez dû voir passer voir cette citation sur les réseaux sociaux. Et elle résume très bien les choses.

Malheureusement, le marketing s'est emparé de la notion de genre. Pour la petite histoire, les vêtements genrés sont nés uniquement afin que les parents rachètent des vêtements en cas de deuxième enfant du sexe opposé. Au départ, mêmes tenues pour les deux genres (ce qui ne signifie pas que le patriarcat n'était pas présent avant ça). Deuxième anecdote, le rose, couleur associée au rouge, était, au Moyen-Age, synonyme de force, de puissance, et associée donc aux hommes. Le bleu, couleur de la Vierge Marie, était associé à la douceur et à la pureté. Et oui, on s'est bien fait berner hein?

Sans rentrer dans les détails de l'Histoire et notamment du marketing, qui vous ferait faire n'importe quoi juste pour plus de profit et en développant systématiquement une gamme pour les filles et une gamme pour les garçons, j'indiquerai simplement qu'ici, le rose et le bleu c'est pour tout le monde. Tout comme les paillettes, les barrettes, les cheveux longs, les poupées etc, pas besoin de son sexe pour apprécier une couleur ou un vêtement.

Comme le dit Aurélia Blanc dans son livre, nos petits garçons sont tellement poussés en permanence à jouer aux voitures, à se battre, à bouger, à préférer le bleu, et à être le plus viril possible, que j'essaye autant que possible de contre-balancer ça à la maison, en évitant au maximum les jouets genrés. A la maison, il y a donc une cuisine en bois depuis longtemps , des poupées/poupons, des figurines de super-héroïnes, des vêtements roses, des vêtements parfois achetés au rayon filles, une barbie, des poupons à materner. Cela n'empêche pas que mes garçons aient aussi des jeux de construction et des voitures télécommandées.





Il faut bien avoir en tête que, l'idée selon laquelle les garçons sont plus ou moins doués pour ceci/cela et les filles pour d'autres choses, c'est une construction sociale absolue et ça n'est absolument pas scientifique. Le problème, c'est que l'environnement, et ce vers quoi nous poussons nos enfant plus ou moins consciemment, nous donne l'impression qu'il y a quelque chose de biologique, dans le fait que les garçons préfèrent le bricolage et les filles la cuisine. Ainsi, des études ont montré que dès la naissance, nous portons différemment, parlons différemment, et développons des jeux différents avec nos enfant selon s'ils sont une fille ou un garçon. Mais à la naissance, rien ne prédit les garçons à avoir un meilleur sens de l'orientation que les filles. Sauf qu'à force de leur proposer des jeux/exercices de stratégies, de construction, parce qu'on nous fait imaginer que ce sont des activités de garçons, nous développons ces capacités chez les petits mecs. Les filles sont, quant à elles, incitées à cuisiner, faire le ménage, pouponner, développer leurs qualités relationnelles, sociales et maternantes (et voici pourquoi il y a tant de maîtresses, d'infirmières, d'aides-soignantes, ou d'orthophonistes, on a bien appris notre petit travail consistant à prendre soin des autres).





En bref, pour contrebalancer tout ça: donnez des poupées à vos garçons, faites leur porter du rose, montrez-leur des modèles masculins qui cuisinent, expriment leurs émotions, sont sensibles, pleurent, font le ménage, s'occupent des bébés...

Ici aussi je laisse toujours mon grand garçon choisir son modèle de vêtements/chaussures etc. Il choisit aussi bien les pansements roses avec des princesses, que des bottes roses à paillettes, tout comme il adore se mettre du vernis, et j'avoue que je suis contente qu'il ne soit pas (encore) tombé dans le "c'est pour les filles". Mon grand fait également de la danse (coucou le conducteur du bus qui lui a dit l'autre jour que c'était pour les filles....). Cela n'empêche pas que mes garçons soient très moteurs, adorent jouer au ballon et à la bagarre et que le grand me demande des t-shirts de super-héros.


Petit aparté, pour moi, il ne s'agit jamais d'insister pour choisir des "trucs de filles", mais de sélectionner tout de même un maximum de jouets et objets non genrés, d'orienter discrètement, et, au final de laisser choisir l'enfant, même si ça fait "fille". Je vous assure que, si depuis toujours, vous insistez sur le fait que les "trucs de filles" et "les trucs de garçons" ça n'existe pas, votre enfant, jusqu'à un certain âge, choisira ce qu'il trouve le plus beau, tout simplement. Après tout le rose et les paillettes c'est quand même plus chouette.


L'autonomie


Combien d'hommes sont incapables d'anticiper, de prendre les devants, de faire des projets, de prendre soin de soi et des autres, de s'occuper de la partie administrative du foyer?


A force de vouloir éduquer les femmes à prendre en charge les foyers, les relations, à ne compter que sur elles-mêmes, on en oublie que les garçons doivent, autant que les filles, apprendre les tâches ménagères, et à s'occuper d'un foyer.

Aujourd'hui, les femmes travaillent comme les hommes (en tous cas elles le peuvent, même si la grosse majorité des temps partiels sont attribués à des femmes) mais elles continuent pourtant à gérer plus de 70% des tâches de la maison et doivent assumer une énorme charge mentale et émotionnelle (faire passer les besoins et émotions de leurs maris et enfants avant les leurs, anticiper, organiser, penser à, faire tout le travail invisible de la maison, jamais valorisé et jamais valorisable puisqu' invisible). Ceci va de pair avec le fait qu'on les éduque à prendre soin des autres, à accueillir les émotions, et à être le plus sociable possible (coucou les jeux de poupées, dînettes, cuisines etc), bref à être de parfaites maîtresses de maisons.


Pour moi, une éducation féministe consiste donc aussi à éviter que mes garçons soient des assistés qui attendent tout d'une femme (leur mère/leur femme). Dans l'éducation que nous leur portons nous visons donc aussi à développer l'autonomie: les laisser se débrouiller, trouver des solutions seuls quand c'est possible, ne pas leur donner les réponses à tout, les inciter à mettre la table, à cuisiner, à débarrasser, à ranger, à passer le balai, à mettre leurs vêtements dans la corbeille à linge, à lancer des machines.... Bref nous les éduquons aux tâches ménagères. Bien sûr, cela ne signifie pas qu'on ne les aide jamais ou qu'on ne répond pas à leurs sollicitations s'ils en ont besoin. Comme je l'ai déjà expliqué dans un article précédent, viser l'autonomie petit à petit n'est pas antinomique d'un maternage proximal respectant par ailleurs le rythme et les besoins de nos enfants. Dès que nous les sentons capables, sans rien forcer, nous insistons donc sur des petites tâches à faire seuls, et nous sommes ravis quand ils veulent par eux-mêmes participer aux tâches du foyer.

L' éducation aux émotions, en les nommant, en les laissant s'exprimer pleinement aussi désagréables soient-elles, en parlant autant possible de ce que nous ressentons nous-mêmes permet aussi de développer l'empathie et donc l'envie de prendre soin des autres.



Il y a autant d'hommes que de femmes sur la Terre, et ailleurs?


Et oui, nous avons à peu près autant de femmes que d'hommes sur Terre, et pourtant.... dans les livres, dans les dessin-animés, dans les films, dans les médias, les hommes sont surreprésentés (ou les femmes sont sous-représentés). Vous imaginez ce que ça fait dans nos petits cerveaux, de voir depuis tout petits absolument partout tout le temps, pratiquement que des hommes sur le devant de la scène? De n'entendre que des hommes parler et diriger? De n'écouter que l'avis des hommes? D'avoir une langue masculiniste qui impose que le masculin soit le genre "neutre"? S'il y a bien une chose qui me sidère, c'est ça, et c'est ici que nous avons un rôle très important à jouer: nous choisissons ce que nous montrons à nos enfants et la langue que nous utilisons avec eux (AMEN à l'écriture inclusive). Alors prenons conscience du dessin animé à la mode où il n'y a presque que des personnages masculins : animaux comme humains, par exemple cette superbe patrouille de chiens, et ces enfants héros en pyjamas, où il y a, dans un rôle "important" UNE FILLE pour trois garçons. Et c'est toujours, partout, comme ça: on met un micro pourcentage de filles quand même, histoire de relever un peu la barre, mais ça donne en permanence l'impression que le monde est constitué de 75% d'hommes et de 25% de femmes.

En bref, sans interdire les dessin-animés préférés de vos enfants (mais en limitant tout de même, de toutes façons pas d'écrans avant 3 ans et on limite même après), sachez que, quand on s'intéresse au sujet, il y a beaucoup de livres et de dessins-animés qui mettent en avant les filles, et où il y a autant voire plus de filles que de garçons. On a de plus en plus d'héroïnes qui n'ont besoin ni de prince ni de sauveurs pour exister. Et tant mieux!!!!! Je me faisais la réflexion récemment en revoyant Peter Pan: trois FILLES toutes amoureuses de Peter Pan, et jalouses les unes des autres... Je crois que ça se passe de commentaires. Donc, quand il y a des filles ou des femmes elles sont les amoureuses de, les copines de, les femmes de, ou bien elles parlent d'hommes... Comme si nous ne pouvions exister que par et pour les hommes.

Bref, une éducation féministe passe forcément par la recherche active de livres, dessins-animés, films, documentaires, mettant en scène des filles, des femmes, notamment les femmes importantes de l'Histoire. Il s'agit de rétablir une juste réalité existant sur Terre bien qu'elle soit majoritairement dirigée par des hommes. Et dès que les enfants sont un peu plus grand, rappelons leur que de nombreuses femmes se sont fait voler leur gloire par des hommes. Pensez aux superbes BD Culottées de Pénélope Bagieu, mais aussi aux Histoires du soir pour filles rebelles, ou encore à la collection Petite et Grande. Ici nous apprécions aussi La princesse qui n'aimait pas les Princes, qui évoque également le sujet de l'homosexualité.



Hétérosexualité induite ("tu as une amoureuSE ? ")


Dès la plus tendre enfance, dès qu'un garçon et une fille s'entendent bien ils sont forcément... A MOU REUX.... Et voilà donc il y a 75% d'hommes et en plus toutes les filles sont amoureuses d'eux... Bref sans rires, mon fils, du haut de ses 3 ans, se voyait déjà attribuer une amoureuse sous prétexte qu'il avait donc, simplement, une copine. Lui qui n'y connaît rien à l'amour. Voilà comment on induit qu'un homme doit aimer les femmes, qu'une femme doit aimer les hommes. Cette vision hétéro-centrée découle purement et simplement de l'Eglise. Et, c'est aussi quelque chose qui me dérange énormément , car l'enfant, par mimétisme, va forcément se mettre en tête que la normalité c'est un homme et une femme... Je suis persuadée qu'il y a énormément d'homosexuel.lles refoulé.es à cause de ce principe de vouloir créer des couples hétérosexuels dès la maternelle, voire plus tôt!

Alors que peut-on faire pour contrebalancer ça dans son éducation? Et bien déjà, laisser les plus jeunes tranquilles avec la notion d'amoureux.se.s, ou alors, si on le fait, préciser en permanence qu'on peut avoir un amoureux ou une amoureuse. Ici, dès qu'on a commencé à parler d'amoureuse à mon fils, j'ai essayé de rattraper le truc en tentant d'expliquer ce qu'était un amoureux ou une amoureuse, puis j'ai demandé à mon fils, "alors, toi tu as un amoureux ou une amoureuse?", spontanément, avec la définition qu'il s'était faite de l'amour, ce sont les prénoms de ses copains masculins qui sont sortis en premier. D'une part, je ne pense pas que cela signifie que mon fils est homosexuel (et si c'était le cas c'est très bien ainsi), d'autre part je pense que la notion d'amour/couple n'a pas trop de sens pour un enfant de 4 ans, qui aime ses copains, ses copines, ses parents, sa famille, sans trop différencier tout ça.




Ensuite, dans le jeu, j'introduis très souvent des familles avec deux papas ou deux mamans, je forme des couples de garçons et des couples de filles, je souhaite en fait que mes garçons sachent, dès le plus jeune âge, que ce genre de couple existe et a droit au même respect que tout le monde. J'en ai clairement ma claque que le seul modèle proposé aux enfants soit: un papa, une maman, des enfants. Pour moi, une éducation féministe va de pair avec une ouverture d'esprit générale sur la "différence" (et encore faudrait-il définir la norme): je veux que mes enfants sachent que peu importe notre orientation sexuelle, genre, couleur de peau, mobilité, nous existons tou.tes, et nous avons tous notre place sur cette Terre avec le même droit au respect. C'est ainsi que, selon moi, combattre le racisme, le sexisme, le validisme, l'homophobie, l'islamophobie... bref toute forme de violence envers une "différence", envers tout ce qui n'est pas un homme blanc fort riche hétérosexuel, ça va ensemble. Et, pour que nos enfants intègrent que le monde est fait de nombreuses personnes très différentes les unes des autres, il faut qu'ils voient ces gens dès le plus jeune âge, il faut leur en parler, dans le jeu, par les livres, par des films/dessins-animés.


Conclusion


Pour conclure, je dirais qu'il est de notre devoir d'éduquer nos enfants, et surtout les garçons, avec des valeurs féministes qui sont simplement des valeurs humaines de respect et d'égalité. Cela nécessite de ne pas tomber dans les pièges du marketing vestimentaire, de jouets, de dessins-animés, mais aussi de remettre en cause l'idée selon laquelle un cerveau de garçon et un cerveau de fille seraient différents par nature. Il semblerait qu'il y a bien plus de différences entre deux cerveaux du même sexe qu'entre un cerveau d'homme et de femme. Le problème c'est que l'environnement a tellement modifié nos comportements que cela donne l'impression qu'il y a des marqueurs cérébraux et comportementaux de masculinité et de féminité.


L'éducation au féminisme est une partie indissociable d'une éducation non violente et respectueuse. Je cherche ni plus ni moins à transmettre à mes enfants que nous avons tous droit au respect et que personne ne doit accepter la domination arbitraire de quelqu'un sous prétexte qu'il n'a pas le même genre, le même âge ou la même couleur de peau que nous.


Pour résumé donc:


- on éduque au monde des émotions, on les accueille, et on accepte l'idée qu'un humain et même un garçon a le droit de pleurer


- on sélectionne certaines dessins-animés / livres mettant en avant des filles/femmes.


- on évite les jouets genrés et on propose aussi bien des poupées/dînette/cuisine que des voitures ou constructions.


- on laisse la possibilité de se maquiller, de porter du rose, d'avoir les cheveux longs, de faire de la danse...


- on évite de dire systématiquement aux garçons qu'ils sont "forts" et aux filles qu'elles sont "trop jolies, trop mignonnes et trop bien habillées".


- on essaye de leur parler de toutes les formes possibles de couples


- on éduque les garçons à l'autonomie, aux tâches ménagères


- on essaye de développer l'empathie, l'envie d'aider les autres et de s'en occuper



Bref on mène une éducation consciente et éclairée sur le sujet de l'égalité filles/garçons et on réfléchit au bienfondé de chacune de nos décisions.


A bientôt


Ressources:














crédits photos: Ben Wicks via Unsplash; Thought Catalog via Unsplash ; couverture du livre Princesse Kevin; affiche Elise Gravel les garçons peuvent; image du livre La princesse qui n'aimait pas les princes;






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