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Violences Educatives Ordinaires (VEO): fessées, cris, punitions, humiliations.

Dernière mise à jour : 12 mai 2020





Encore ce sujet qui, si vous me connaissez un peu, me tient tant à cœur. Parce que j’ai un rêve : celui d’un monde meilleur, sans guerres et sans violences et que c’est par l’arrêt des violences éducatives que ça doit passer. Parce qu’on ne parlera jamais trop du trop de violence dans ce monde. Parce que je ne comprends toujours pas que malgré les faits scientifiques, malgré tout ce qu’on sait aujourd’hui sur les impacts largement négatifs de la violence, on continue tout de même à taper des enfants, nos enfants. ET sous prétexte d’E-DU-CA- TION ? S’il y a bien une chose à enseigner à nos enfants si nous souhaitons que le monde change et soit moins violent, ne devrions nous pas commencer par leur inculquer que la violence ne résout rien ? Qu’on n’apprend pas dans la peur d’une fessée, d’une réprimande, d’une punition ?


Je comprends qu’on soit à bout, fatigué, énervé, et alors ? Sommes-nous sauvages au point de ne pas pouvoir se retenir de frapper, des enfants en plein apprentissage de la vie en plus ? Lorsque nous sommes énervés, fatigués ou même en colère contre un adulte, le frappe t-on pour autant ? Et puis est-ce que ça ne vaut pas le coup de se demander d'où viennent nos propres réactions violentes?

Taper, crier, c’est si facile c’est sûr, les enfants ne peuvent pas rétorquer, ils nous aiment inconditionnellement, ils se disent que si on leur met une fessée c’est qu’ils l’ont méritée. En effet, un enfant croit et croira toujours son parent, il préfèrera défendre la position de celui-ci et se rabaisser car son parent est son référent, son modèle, sa figure d’attachement, sa sécurité, et il a toujours raison… Ainsi l’enfant, globalement, va se persuader qu’il mérite d’être tapé et humilié, et va grandir avec cette idée qu’il est une mauvaise personne si son parent le lui répète assez souvent.


Taper pour éduquer, c'est sérieux?


Aucun enfant, jamais, dans aucune circonstance, ne mérite d’être tapé. C’est d’ailleurs ENFIN (quel retard, mais quand même), interdit de mettre une fessée à un enfant en France. Comme en Suède, ce pays où les enfants ne savent même pas ce que « fessée » ou « claque » signifie.

Quel message envoie-t-ton en frappant plus faible et plus petit que soi ?


« La violence ne résout rien »… même les parents qui tapent disent ça à leurs enfants quand ils se mettent à taper, étrange non ? L’autorité ne se fait pas sous la menace des coups. L’autorité sans violence existe, et beaucoup de parents, heureusement, s’y mettent, changent le monde et prennent en considération ce qu’on sait maintenant sur le cerveau des enfants, sur l’humain, sur les violences.

Moi aussi je suis parfois fatiguée, énervée, en colère. J’ai des enfants qui pleurent, qui « crisent » , traversent des tempêtes émotionnelles, mais les connaissances que j’ai acquises sur l’enfant, son développement, son cerveau, et surtout le caractère absolument néfaste des Violences Educatives Ordinaires me retiennent de taper, de punir, d' humilier.

Il existe de nombreux autres moyens, certes plus fatigants, mais tellement plus bienveillants et positifs pour l’enfant, pour le parent, pour le monde...


Les défenseurs de la fessée disent que c’est nécessaire pour éduquer, que les enfants DOIVENT être éduqués. Je les renvoie à la définition de l’éducation. Eduque-t-on les êtres humains, et adultes de demain, comme des animaux (et encore, les animaux méritent ils aussi d’être frappés ?) ? Peut-on vraiment imaginer qu’une fessée/ une punition/ une humiliation est constructive et utile pour apprendre ? Pour ne pas recommencer sa « bêtise » ? On a la réponse maintenant, les sciences montrent que JAMAIS une fessée, une punition ou une humiliation ne donnent envie de réparer son erreur ou de ne pas recommencer. Elles génèrent en revanche de la honte, de la colère, un sentiment d’injustice, de la haine. Elles enseignent aussi la crainte du parent, brisent la confiance, et incitent les enfants à cacher les bêtises à l’avenir. Elles détruisent le futur adulte également en provoquant des conduites à risques, des difficultés de confiance en soi et des comportements de dépendances. Ces violences blessent psychologiquement et parfois physiquement.

Que se passe t-il quand l’enfant reçoit une fessée ou autre violence éducative ? Son cerveau, dominé par le cerveau reptilien, ne PEUT même PAS faire le lien entre la bêtise et la fessée (d’ailleurs il n’y a aucun lien logique à faire). L'enfant se fige, ou fuit, et son cerveau en prend alors un coup. Il apprend alors que son parent ne l’aime pas inconditionnellement, sûrement parce qu’il (l'enfant) est mauvais, et qu’il ne doit pas exister, s’exprimer, avoir lui aussi des besoins, des envies, des émotions, des impulsivités….

Au final on lui apprend qu’il doit se taire, obéir au doigt et à l’œil, rentrer dans les cases, être exactement comme son parent veut qu’il soit. On lui apprend à avoir peur de « l’autorité », et non pas à se responsabiliser. On lui apprend à se cacher et à mentir pour obtenir ce qu’il veut.





Autorité et respect


D’ailleurs c’est quoi l’autorité ? Veut-on apprendre à nos enfants qu’il faut se soumettre à l’autorité, par peur de la répression ? Je ne veux pas que mes enfants aient peur de moi, des coups, des punitions. Et qu’ils se cachent donc pour faire leurs « bêtises » (car oui ils les feront quand même, il y aura juste beaucoup plus de mensonges si l’enfant a peur de son parent). On veut enseigner le respect, bien sûr. Mais c’est quoi le respect ? Avoir peur de son parent ? Non, pour moi, le respect ça s’apprend en étant d’abord respecté. On respecte généralement énormément les gens qui nous respectent. Le jour où on respectera les enfants comme on respecte les adultes peut-être qu’on pourra envisager d’utiliser correctement le mot respect ? C’est sûr que sous la menace et l’injonction « je veux que tu me respectes !! », l’enfant se taira, l’enfant fera, l’enfant obéira, l’enfant se soumettra. Je ne veux pas que mes enfants soient soumis ni de futurs adultes soumis. Je souhaite qu’ils pensent par eux-mêmes et soient responsables. Tous comme je ne veux pas que mes enfants soient violents et deviennent des adultes violents. Il y a beaucoup d’adultes violents autour de moi (dans leurs paroles, leurs gestes, leurs comportements), et il est assez simple de comprendre d’où ça vient. Les enfants apprennent en faisant comme leur parent, par mimétisme. Alors frapper son enfant pour lui apprendre qu’il ne faut pas frapper… le monde marche sur la tête non ?





Laissez-moi vous convaincre que, même si ça ne tue pas, c’est dangereux: Laisseriez-vous votre enfant monter en voiture sans ceinture de sécurité ? Non, c’est dangereux. Pourtant, ne pas mettre sa ceinture une fois ne tue pas (ça peut aussi nous tuer si c’est la mauvaise fois). J’entends souvent « une fessée n’a jamais tué personne ». Pas physiquement certes, mais si en fait, et particulièrement si ça se répète bien sûr, ça tue quelque chose, intérieurement, ça tue la relation, ça tue le respect, ça tue l’innocence, ça tue la bienveillance, ça tue la communication, ça tue l’idée qu’on avance bien mieux sans violence. Ça tue à petit feu. Je sais que ça n’est pas facile de changer, que c’est ancré, que ça demande de se remettre en question, d’avancer, de changer ses comportements, et souvent de faire un travail sur soi, d’aller interroger son enfant intérieur. Vous savez cet enfant qui a pleuré, qui a été tapé, humilié, et qui s’est dit « jamais je ne ferai ça à mes enfants ».

Je ne veux pas me dire que je tape parce que tout le monde fait comme ça. Et puis c’est tout, sans remettre en question ce modèle de violences. C’est ça le monde qui progresse ? Faire comme ça a toujours été ? Faire comme les autres ? Suivre le troupeau? Ne pas s’interroger sur nos actions ? Devenir le réac qu'on a toujours détesté?

J'en reviens à la ceinture de sécurité : avant on n’en mettait pas, et aujourd’hui ? On a évolué ? Idem pour le tabac, avant on ne savait pas que ça tuait et maintenant, on sait, alors on alerte, on ne donne pas de cigarettes à ses enfants, ni d’alcool. La violence c’est pareil, on sait de manière absolument certaine quels sont les effets nocifs sur l’enfant en développement, alors pourquoi persévérer dans un truc si fou ? Parce que ça prend du temps de changer les mentalités, les gens sont complètement perdus et bouleversés car le cerveau aime ce qui a toujours été, et que la nouveauté fait peur, nécessite de creuser, de réfléchir, bref de se prendre un peu la tête quoi.

Donc on se console en se disant qu’on tape pour éduquer, pour « apprendre »… Je crois qu’il n’y a même pas à débattre sur cette idée tellement elle est illogique (elle est juste plus facile à admettre que de remettre en question le modèle d’éducation qu’on a reçu). Et puis si ça permet d’apprendre alors à l’école les enfants devraient mieux avancer avec des coups de bâtons et des fessées. Personne n’apprend dans la peur….


Alors oui c’est sûr qu’aller du côté de la communication, être patient, trouver d’autres solutions, se mettre au niveau de l’enfant, c’est épuisant, et ça demande de l’énergie.

Mais moi j’ai juste envie d’y croire et de me dire que mon monde évolue, pour et par mes enfants. J’ai juste envie que mes enfants soient heureux, développent toutes leurs capacités affectives, émotionnelles cognitives, et s’épanouissent. Tout parent veut ça, même celui qui tape. Je crois que tous les parents veulent faire au mieux et qu’on a tous envie que ça soit pour le bien-être de nos enfants. Le changement ça n’est jamais facile, mais ça se fait petit à petit et avec beaucoup de volonté, puis ça devient fluide, on ne se pose même plus la question…



Essayer de changer et de se remettre en question


En réalité, frapper un enfant sert souvent à calmer l’adulte qui peut avoir des difficultés à gérer ses émotions, à passer ses nerfs, plus qu’à prétendre à d’éventuelles vertus éducatives. C’est évidemment difficile de changer quelque chose qu’on a toujours connu, vécu, observé, et c’est bien normal car on ne nous a jamais appris ni autorisés à nous exprimer, et particulièrement à exprimer nos émotions désagréables. Je crois que j’appartiens à une génération qui est en train de se poser les bonnes questions et de changer les choses, que c’est donc difficile pour nous mais que ça le sera moins pour les futures générations qui auront été éduquées sans violences. Nous sommes aujourd’hui justement beaucoup à être assez éduqués pour avoir l’envie de changer les choses. Si on testait pour voir ? Est-ce que si tous nos enfants sont éduqués sans violences, nous aurions, d’ici 2 à 3 générations, des parents pour qui aucun réflexe de violence ne se met en place ? J’y crois, parce que ça existe, dans les pays où la fessée est interdite depuis assez longtemps pour pouvoir constater cela.


En attendant, sachez qu’en cas de difficultés à gérer ses émotions, sa colère, et sa violence, il existe des aides et qu’il est nécessaire de se prendre en charge, de parler, de consulter, plutôt que de créer un nouvel humain violent qui fera à l’identique sur ses enfants, qui feront encore de même…


Briser le cercle vicieux, c’est une question de choix. Un vrai choix, éclairé, ne peut se faire qu’en connaissances de causes et des solutions qui s’offrent à nous.


crédit photos: Arwan Sutanto, Christian Lue, Nathan Dumlao via Unsplah

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